L’Ausel et l’ombra

Poème de la conscience posée sur le réel.
L’enchaînement des thèmes progresse du général au particulier.
L’oiseau ébloui, porteur de la vocation de son espèce, s’isole dans le soleil.
– L’individu se réalise enfin, en résorbant son ombre propre, en se situant dans ce monde-ci.

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Entre totes los jòcs d’ausèls
– sauturlets lisquets de las pastorèlas
suls camains, rocols de las tortorèlas
als bòsques dorments, dins lo lindes cèls
anaurants alands, fòlas revirondas
dels esquironèls e de las irondas,
ne sabi cap de bèl e plasent coma aquel
qu’aiman a far, l’estiu, los pijons al solelh,
arrenguilats al bord de las teuladas.
Un quora l’autre, aqui que dins l’espandi blanc
laissan tombar d’amont, coma un fruch cai d’un branc,
cadun son ombra negra, e de sièga, a voladas,
davalan còp sus còp l’amassar vistament
sul peirat resplendent de claror, al moment
que tòca terra, jos lors alas replegadas.

Antonin Perbòsc   « Campèstre »

 

L’oiseau et l’ombre

Parmi les jeux infinis des oiseaux
(sautillements, légers, sur les chemin,
des bergeronnettes ; roucoulements des tourterelles
aux bois dormants ; dans les cieux purs
élans ardent, fous tournoiements
des martinets noirs et des hirondelles)
je n’en connais pas de plus fascinant
que celui auquel volontiers jouent, l’été, les pigeons au soleil
alignés au bord des toitures…
Voilà que dans l’espace blanc, l’un après l’autre,
ils laissent, de là-haut, tomber comme un fruit d’une branche
chacun son ombre noire, puis, par volées successives,
ils descendent aussitôt la ramasser bien vite
sur le pavé resplendissant de clarté, au moment où,
sous leurs ailes repliées, elle touche terre.

 

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