Journal communal et Journal municipal

Ausit on the Radio FMC le 30.12.22 où Alain Daziron responsable de la Maison de la Culture de Larrazet (82) èra convidat. 

« Celui qui observe d’un regard trop rapide un journal municipal(comme le Tintamarre de Sérignac) et un journal communal (comme le Trait d’Union de Larrazet) peut y percevoir bien des similitudes. En réalité leur démarche et leur finalité sont d’une nature très différentes pour ne pas dire totalement inverses. Le Tintamarre (même s’il est loin d’un magazine municipal en papier glacé et pur objet de communication comme celui de Montauban) veille à colorer ou habiller l’information municipale de l’arrière plan de la vie du village. Le Trait d’Union qui plonge et fait émerger l’univers communal dans toute sa pluralité intègre les informations municipales (la municipalité est un rédacteur collectif au même titre que les habitants qui rédigent un article). 

Dans le 1° cas c’est la logique municipale qui commande, dans le second c’est la logique culturelle (et pédagogique) qui est motrice. Expression de deux fonctions distinctes et qu’il importe de baliser. Le Tintamarre porte et habite l’identité politique, le Trait d’Union produit l’identité culturelle c’est à dire l’identité communale (« sans le Trait d’Union, l’identité de Larrazet n’existe pas » Félix Castan). 

De manière concrète – et cela peut passer sous les radars car la France a un ADN du tout politique et celui de l’unitarisme millénaire – une secrétaire de mairie peut parfaitement- depuis et sans sortir de son bureau – confectionner un bulletin municipal. Le Trait d’Union nécessite une immersion totale dans le tissu communal. Tout s’élabore et se négocie en permanence avec les habitants (le jeu de l’écriture, de l’abonnement de la main à la main qui suppose – et ce n’est pas rien – de rentrer dans les maisons, celui de l’écoute et du partage). 

Le grand combat et le mérite du Trait d’Union – expérience probablement unique en France – est d’avoir conquis – en actes et pas seulement en paroles – l’autonomie du champ communal. De sorte que la mairie occupe toute sa place mais rien que sa place. Sans quoi le piège délétère et mortel de la confusion des pouvoirs et la tentation hégémonique – et souvent inconsciente – des municipalités étouffe la créativité et la démocratie communales. 

L’onction quasiment religieuse du suffrage universel enferme la municipalité dans sa verticalité et sa volonté « de tout régenter » comme disait Félix Castan. A mon sens, même si la personnalité des hommes n’est jamais indifférente, c’est une question de logiques spécifiques et non de personnes. Et c’est une illusion et une impasse de croire que l’on peut courir deux lièvres à la fois et de s’affranchir de cette loi qui vous rattrape toujours. 

Il est heureux qu’à Larrazet – et ce ne fut pas toujours un long fleuve tranquille ponctué notamment par le procès contre le Trait d’Union en 1978 – les municipalités ont toujours joué le jeu. Elles en furent les premières gagnantes – pour éviter de s’enfermer dans leur forteresse – tout autant que la vie communale. Le Trait d’Union est le régulateur de la mécanique des pouvoirs et des fonctions. Un acte libérateur de la pluralité et de l’identité. De par sa « neutralité de caractère pédagogique » chère à Félix Castan, il active les dialectiques qui assurent l’équilibre des fonctions et la bonne respiration de la vie communale. 

On doit avoir à l’esprit que le Trait d’Union relève de l’animation culturelle (autrement dit qu’il s’adresse quasi exclusivement au village) alors que les Journées de Larrazet relèvent de l’action culturelle ( et s’adressent par la-même au grand large, à toute la société). Mais pour ajouter à la nuance des couleurs, il y a l’empreinte de l’animation culturelle dans la marque de fabrique des Journées et cela les rend inimitables. Ce qui avait fait dire à Daniel Jeandupeux (ex capitaine puis entraineur de l’équipe de Suisse) lors des Journées sur le football en 2017 « vous avez abordé le sujet par en haut, par en-bas, par les côtés, je n’avais jamais vu cela ». Sans parler de l’agora et de l’esprit de famille – dont les repas – qui berce l’atmosphère des journées. 

Comme – et c’est ce qui le rend plus délié qu’un habituel bulletin municipal – il y a une certaine respiration sensitive dans le Tintamarre de Sérignac » 

Note factuelle mais qui en dit long : le tintamarre (le vrai) était le produit du tambourinaire ( crieur public) appointé par la municipalité. L’histoire ne ment jamais

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