« il a quand même une sacrée dose d’intuite artistique, ce Minvielle ! »

Entendu sur Radio FMC où Claude Sicre èra convidat per parlar del darrier CD “1time” d’André Minvielle (1), présenté comme “objet sonore non identifiable… et jouissif.” 

Alors ?

“Voila ce que n’est pas du folklore. Et pourtant ça y ressemble. 
Avec des réussites. Minvielle est un excellent vocaliste, on se souvient d’Indifférence avec Lubat et d’autres trucs du genre. 
Là, il « vocaliste » moins, il poétise. On ne comprenait rien à Indifférence – un peu dommage – mais ça suggérait beaucoup : langues, accents, jeu de phonèmes plus que jeux de mots, et virtuosité vocale. S’inscrivait dans le folklore français d’un cop èra. 
Là, il poétise : il délivre un message. Pas mal cliché dans l’air du temps. Moins d’attention à la musique. Et peu d’attention à ce que sa musique conflue avec d’autres pour l’établissement de topiques. Le contraire d’Indifference. 
Là il joue personnel. L’originalité de l’expression individuelle cad de l’individu, pas du sujet qui crée du sujet. 
Belle ré-invention de l’Ektara bengali – il a été fasciné par les Bauls que Lavaud avait fait venir à Langon, suite de PMC (Peuples et Musiques au cinema), il avait même repris un bout de phrase musicale et les mots mêmes, en gascon, d’une de leurs chansons, avec sa bouteille en plastoc et un fil de fer (ce qu’un gosse africain ferait et fait, chez nous idem il y a quelques dizaines d’années, avant les animations scolaires de fabrication d’instruments et les manuels débiles qui vont avec), là il tente de folkloriser intelligemment, il s’en ressert souvent. 
Où comment un mec avec beaucoup de talents s’engane parce que tout simplement il n’a pas le concept de ”folklore”. Et qu’il ne l’intuite pas dans son art parce que la vie provincialisée / unitarisée autour de lui ne lui en montre aucun chemin. Et le pousse à croire naivement que c’est dans le slogan commun poétisé/chantiné que quoi que ce soit peut se passer, ALORS qu’avec Lubat ils se méfiaient intelligemment du sens (onomatopées, jeux de mots non mots), la méfiance de Meschonnic (c’est le rythme – au sens littéraire, pas musical – qui signifie). Effet du politique directement injecté dans la chanson. Qui séduit les naïfs du politiquement correct, séduit également par l’étrangeté étrangère de la musique qui “fait” mieux, dans cet ordre d’idées, que ce que le chanteur dit. Performativité approchée et ratée. Mais vraiment approchée : il a quand même une sacrée dose d’intuite artistique, ce Minvielle ! 

Solution utopique : que Lubat, Tizné et Papet Jali travaillent un morceau avec lui. Et que les HUE ! des uns écoutent les DIA ! des autres ( mais ce n’est pas le public de France-Inter qui peut le pousser à aller plus loin, au contraire). 
Oui, beaucoup d’ntuite et de talents, Minvielle : c’est pourquoi son errance est un symptôme aigu de notre échec collectif . Temporaire.” 

(1)1time 
La C.A.D. / L’Autre Distribution
2016

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