Entendu sur Radio FMC où Claude Sicre intervenait quand à la disparition de Françoise Chapuis, musicienne, jongleuse de mots, autrice, compositrice, co-fondatrice avec Rita Macedo du duo dual duel des Femmouzes T.
« Derrière ses façons moqueuses, ses piques (jamais méchantes), elle cachait une grande gentillesse, une grande sensibilité, je crois pouvoir dire qu’elle était très sentimentale. Et puis son beau sourire qui souvent avait un fond triste. Tristesse comme venue de loin, d’un ailleurs. De quel ailleurs ?
Si elle avait traîné un peu au Nordeste puis dans les villes du Sud où sont les nordestins émigrés, je suis sûr que Terezinha l’aurait embauchée pour faire des duels de côco (enboladas). Françoise était tout d’abord une coquista. En est une preuve le fait qu’elle n’ait jamais repris le piano qu’elle avait étudié dans son enfance et qu’elle s’était accrochée au couple complet tamboori-voix. Avec l’humour qu’il fallait pour jouer dans la rue ou sur les camions de manif autant qu’en concert (retrouvez la vidéo de la fin des années 80 où elle fait une belle imitation des Fabulous !). Terezinha parfois grossière, mais swinguant comme personne, Françoise plus aimable, plus timide, mais trouvant le rire des spectateurs. La star francese des places et des marchés. Et il n’y a pas de hasard: la meilleure chanson des Femmouzes, qui a fait leur réputation au début, était une chanson autobiographique qui parlait d’un marché où elles allaient jouer et chanter cette chanson des marchés. Et c’était un côco-chanson, comme par hasard encore. Un petit chef d’oeuvre, comme très peu d’artistes français en ont fait, qui deviendra un classique quand les français réfléchiront à la musique et à la chanson), j’en suis certain depuis la première fois où elles me l’on faite écouter. Tout y est parfait.
Belle réussite avec Rita sur les scènes de partout, elle fût une artiste reconnue. Bien que toujours, me semblait-il, un peu loin de tout ça, j’ai jamais compris pourquoi, ni mesuré la distance.
Beau contrepoint lorsqu’elle devint animatrice à Radio MOUN PAÏS, une des meilleures que j’aie connu, à l’ Oustal de la CGT (toujours à St-Sernin, encore un hasard ?) où elle rayonnait et où elle semblait chez elle. Pas tout à fait quand même, l’aventure de la chanson n’était pas close. Pourquoi les deux activités seraient-elles forcément contradictoires, d’ailleurs ? Est-ce un hasard si leur meilleure chanson, elles l’ont faite quand elles «galéraient», comme d’autres disent, en lumpen-prolétaires du spectacle, ambulantes et manchistes ?
Je ne saurais jamais de quoi Françoise avait une nostalgie primitive (ou alors au Dernier Pays des Enboladores). »
Claude Sicre
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