Uèi, sur Radio FMC, recebèm Claude Sicre, ingénieur en folklore, compositeur-auteur-interprête (Fabulous Trobadors…), par ailleurs pionnier des conversations socratiques de rue, des repas de quartier, du forum des langues du monde, de charivari comme pédagogie musicale de foule, etc…
Et nous parlons de l’invasion des vrais faux festivals !
« Oh, il n’en manque pas, des festivals de musique (et autres), de nos jours. Et cette heureuse pléthore, grandie dans les années 80 et toujours grandissante, nous change des désertiques années 70 et auparavantes. Donc tant mieux, et tant pis, si souvent c’est n’importe quoi, toujours meilleur que le rien. Mais il s’agit maintenant de réfléchir et d’anticiper, pour faire l’histoire et reconstruire la France. Donc de distinguer, ce que font très mal les collectivités locales, le ministre de la culture (mais comment le pourraient-ils, si à la base les professionnels de l’artistique et de l’organisation d’activités culturelles ne montrent pas la voie ?) entre :
* Moments d’ANIMATION culturelle, où il s’agit avant tout, pour un village, une petite ville, un quartier, de mettre en branle des énergies, dans un but de convivialité, par tous les moyens possibles.
* Moments de DIFFUSION pure, où il s’agit uniquement de présenter des spectacles à un public ( le privé sait très bien faire ça, qui a son utilité).
* Moments d’ACTION culturelle, où il s’agit de faire œuvre pédagogique tout azimut. Ce sont ces moments auxquels nous réservons le terme (le concept) de « festival ».
Les trois genres de moments peuvent se présenter de façon pure, mais il arrive souvent que les mélanges – naïfs ou intéressées – se fassent. Les mélanges savants – dictés par une haute ambition dans le seul souci de l’intérêt général – sont rarissimes. Ce qu’on appellera des grands festivals (l’importance du public n’étant pas le critère). Un festival qui peut se faire n’importe où, dont le programme peut se transporter tel quel en n’importe quel lieu du territoire, n’est pas un festival mais un moment de diffusion. Idéal pour les tourneurs et les marchands de spectacles (c’est leur métier) mais aussi – hélas – pour les organisateurs publics sans conscience, pour les subventionneurs irresponsables.
Un vrai festival organise une rencontre unique dans un lieu dont la spécificité est un matériau de première importance, entre les habitants de ce lieu (et au-delà, un public plus large), des organisateurs et des créateurs. Une aventure commune dans laquelle ces trois catégories prennent des risques, mesurent leurs limites, apprennent les uns les autres et forcent leurs talents.
La France connaît aujourd’hui un essor de faux festivals : chaque élu, chaque notable, chaque animateur veut le sien. Différent sur des points de détail (spectaculairement mis en avant) mais similaire dans le degré zéro de la stratégie pédagogique. L’originalité ne sert à rien quand elle est rajoutée, décorum à la circulation de la marchandise artistique. La vraie originalité sourd quand les organisateurs savent mettre en scène la spécificité d’une rencontre entre les protagonistes, forcément singuliers (moment, lieu, histoire, environnement, contexte social, acteurs, leurs problèmes, leurs traditions, leurs rêves, leurs ambitions).
Par bonheur, loin des gaspilleurs de fonds publics, naissent partout dans le pays, de jeunes vrais festivals, où l’exigence première – convivialité à la base – oblige leurs acteurs à laisser tomber les faux débats entretenus par les « élites » (savant opposé à populaire, universalisme à localisme, urbain à rural, Paris à province, et autres fadaises) et à tout mélanger, à se donner toutes ambitions dans le même mouvement. »
Des noms ?
« Je pense que vous êtes armés pour trier ! »
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