JACME GAUDAS "Porteur de mots"

journaliste écrivain "Porteur de mots"

La Doctrine de Montauban

Ausit sur Radio FMC : « La visée décentralisatrice guérit l’occitanisme de son utopie, la référence occitane rend crédible le processus décentralisateur » 

Positions 

Situés comme nous le sommes dans une ville de moyenne importance, à la charnière du corps social, aussi proche du village que de la capitale toulousaine, notre regard se porte alternativement : 

– vers l’animation des communautés profondes 

– et vers le travail créateur qui spécifie le visage d’une métropole de la pensée, en train de reconstruire ses antennes universelles. 

La grande question de l’identité est ainsi posée à ses divers niveaux. Nous nous voulons également solidaire de la vie intellectuelle toulousaine et de la parole communautaire des habitants de Larrazet (village du Tarn et Garonne engagé dans une expérience pilote). 

Notre réflexion porte peu sur la région administrative, instrument d’efficacité socio-économique, de faible pertinence culturelle comme le département lui-même, circonscription conçue pour la commodité des gestionnaires. 

Le centralisme français a eu définitivement raison des ethnies et des antiques provinces. Il reste, pour s’opposer à lui, deux sortes d’identités collectives réelles : les capitales,  entourées des villes plus ou moins indépendantes, de leurs banlieues et de leurs villages, et d’autre part, les cultures formant système autonome autour d’une langue distincte. Il n’existe pas d’action culturelle neutre et innocente, dans ce conflit historique, dont l’enjeu n’est autre que l’avenir de la création. 

Le rôle de la culture occitane : débloquer les situations, en appeler aux altérités, à toutes les altérités, quelle que soit leur origine, équilibrer le pouvoir du centre par un contre-pouvoir de la périphérie… 

Libertés hérétiques. Aujourd’hui les points de vue formulés par les derniers forums restent d’actualité. 

1. Si la décentralisation ne se voulait pas anti-centraliste, il y aurait contradiction dans les termes. La décentralisation culturelle est un combat : elle ne se mène pas sans une stratégie des acteurs culturels eux-mêmes. 

2. L’action tournera court, si à la notion « de développement culturel » on n’ajoute la notion de polycentrisme, si la fonction directrice reste toute entière entre les mains du centre étatique. Situation gravement anti-culturelle : c’est le risque « néo-centraliste », déjà perceptible (1), condamnant à une activité de reproduction, de mimétisme, l’ensemble du territoire national. 

3. L’œuvre décentralisatrice n’échappera pas au mal d’enfermement, si elle ne prend appui sur les cultures minoritaires, profondément indépendantes et irréductibles au système central. L’attitude régionaliste conforte le centralisme dont elle n’est que le reflet inversé. La culture occitane assume une mission d’intérêt national, en attaquant le régionalisme à la racine, préparée qu’elle à cette mission par toute son histoire. La perspective de rénovation culturelle passe par le débat décentralisateur, qui n’est point derrière, mais devant nous. 

le 18 Juin 1984

Félix Marcel Castan 

Note 1 : 40 ans plus tard, le raz de marée « néo-centraliste » énoncé par Félix Castan déferle et règne en maitre dans la culture, les espaces et les têtes. Avec le concept mimétique et jamais défini de territoire ou pire « des territoires » qui s’est substitué à celui de province jugé désuet mais qui est exactement de la même nature sous des habits prétendument nouveaux .( Alain DAZIRON, mai 2023). 

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