Lengaviva en action
Jornada del diluns lo 11/07
Les cours de langue roulent, même les R, et à voir les stagiaires à la sortie, tout semble bien se passer. Idem pour l’atelier de traduction / Obrador Revirada amb lo grand Sèrgi Carles.
Coté stages lo del Papet J. du Massilia Sound System, assisté de Poupa Greg, est intense. Dès le premier jour le ton est donné, les stagiaires, une palanqué de douze, sont de suite concernés et réceptifs. Faut dire que l’occasion de se confronter et d’apprendre avec un mestre comme Papet Jali reste exceptionnelle.
Celui de Manu Théron, autre Mèstre en chant polyphonique de la Méditerranée et des Balkans est, et ce n’est pas une surprise, entré sul pic dans le vif du sujet. Déjà, dès le premier soir des chants s’entendent sur la place du village. Avec en bonus les sourires et les yeux pétillants.
Après-midi, à la Maison du Peuple, Jean-Pierre Cavaillé, maître de conférence à l’EHESS, aborde un sujet o combien épineux : Langues et pouvoir. Cossi apelar aquèlas lengas autres que lo francés ? Cossi las qualificar dins l’encastre del poder ? Langues et nations, langues et Nation… Tout ça rappelle le temps des critiques, aux analyses de la notion de nation proposées par Robert Lafont dans Sur La France et « qui s’appuyait sur la distinction entre nation primaire (ethnique) et nation secondaire (reposant sur le pacte national) et conduisait à reconnaître l’aliénation et la colonisation intérieure des Occitans mais non pour autant la légitimité, dans le cadre de la nation secondaire française, d’une revendication nationale occitane. »
Alors voici que s’entendent à nouveaux les formules de « revendications crypto-nationalistes » de cette époque, en opposition à la « revendication nationaliste » d’aujourd’hui… Pour quel pouvoir ? Cavaillé parla tanben de la revendicacion grafica, cossi impausar un estandard de lenga es ligat, per el, al politic. Nous eûmes droit aussi à un flash back sur l’académie française, Richelieu, le parler de bon usage, es a dire lo del poder, de la caste del poder… Segur la référence à Bourdieu et à son « Ce que parler veut dire ». Cadun son biais, le vernaculaire serait le franc parler, levât que la lenga parlada à l’ostal… Ont lo vilatge es ecara un poder.
« Pas de diglossie sens batèsta… » Pourtant entre l’utilisation des deux langues, le Fr et l’Òc, la batèsta i es pas. Il aborda aussi la question de la démocratie linguistique, l’insuffisance et l’absence de réflexion sur les discours publiés, idéologie de la langue nationale, celle des maîtres de la politique. « L’afar de parlar la lenga es un contre-poder, donc un poder… Parlèm de l’occitan en francés, un manca de poder… » Sèm à la limita de parlar la lenga, la parlar es une decision personala… Ségur que far una conferencia en occitan es una performança, una causida. « Descriminacion positiva o empoderament ? Balhar. Lo grand poder se donne una limitation pour laisser un autre pouvoir. L’occitan pòt ajudar la democracia en França. 🙂
Et la pluie s’invita. Pas suffisant pour stopper la prestation de Xavier Vidal et Guilhèm Boucher de l’association Granja qui animèrent un Café Cantaire, au Troubadour. Un Karaoké à la mode lotoise. «Filhetas bolegatz vos donc », les deux musiciens, (violons, accordéon diatonique, brame biau, fifre) accompagnent, guident et font chanter le public qui n’en demande pas tant et « Turalura Jan d’Auriol » à fond la votz. Un franc succès. Au final mini bal où valse, rondeau, bourrée boulèguent…
La pluie redouble. Donc le Cinéma prévu sur la berge du Viaur s’installe sous le foirail. Là Patchwork-Ramelet d’Amic Bedel fait son effet. Des BIAIS au « Lu Gaec de Coreu » et « La banana del Segalar » firent remonter et, ou découvrir des souvenirs mais aussi l’actualité économique del pais.
Jornada del dimars 12/07
Segur les ateliers se contunhan et la conférence de Philippe Martel, « Question d’histoire occitane… et française » en français et en occitan, trouve son public. Fidèle à son habitude, avec toujours cette pointe d’humour qui lui est propre, c’est un vrai show man, Martel aborde, explique sa vision de l’histoire, déroule la pelote d’Òc et sa « chimérique société idéale des Troubadours… ». Conte l’histoire de France à travers ses éternels sauveurs suprêmes, Vercingétorix, Jeanne d’Arc, Clovis, Louis XI, Napoléon, Pétain, de Gaulle… « Les français ont besoin de héros pour les sauver ». Pour lui les occitans fonctionnent avec le même schéma à travers leurs plaintes et leurs non héros… Dans son histoire toujours pas de place ni pour Castan, ni pour Perbòsc. Bon Castan, je ne suis pas surpris, mais Perbòsc ? Quand il aborde son chapitre sur Freinet et sa pédagogie, il aurait pu en parler… Sacré Martel !!! Ne vous le mettez pas en tête 🙂
Et que dire de la rencontre avec Jean-Claude Drouilhet, venue présenter son livre « Du Missouri à Montauban, l’incroyable odyssée des Osages perdues ». Il est un merveilleux conteur, fait vivre, images à l’appui, le voyage et le séjour chaotique en France jusqu’à Montauban d’un groupe d’Osages (1827-1830)…
En serada, lo Sopar-Bal avec le duo Abela-Vidal met la rue de l’Oustal en fête et surtout en danse. « Ce duo de jeunes musiciens propose un bal autour des danses collectées dans leur Lot, entre Causse et Segala. Avec voix, violon, accordéon et fifre, mais aussi clarinette, ce qui fait toute la différence (avec le folk). On dirait de vieux musiciens grecs qui auraient connu le jazz avec gramophone et qui auraient fait danser toute leur vie dans des villages perdu avant d’être découverts par la world mondiale. Idéal. » Nos diguèt Claude Sicre sur Radio FMC.
Au fait, si vous passez, vous remarquerez, accrochée sur le mur du Château, una bandièra giganta ont es escrit : « Soi tant coma tu » (je suis autant que toi) qui est la devise de Laguépie. Il en résultat une belle surprise pour les Guépiens. Initiative signée par les dynamiques bénévoles du Off.
Jornada del 13 de julhet
Le ciel s’annonce clément, la météo confirme. De tot biais de pluèja n’i a pron. Au Café du Viaur, tenu par des Normands, los òmes sont en pleine discussion, ce soir c’est le Bal des Pompiers et ça pas pareil !!! C’est tôt, sur la Dépêche une demi page annonce les programmes de la journée et celle de demain…
Au local du Off, l’atelier affiches est en action. C’est sur celles du Big Bal Boom de vendredi que trabalhan à coups de feutres, pinceaux et peinture jaune, bleue, rouge. Aucune pareille quand au lettrage et c’est bien ainsi. Allez, lo trabalh acabat anèm dinar à L’Oustal où le poulet à la basquaise avec sa patate braisée est un délice. Même Isis s’en régale 🙂
Tè, ai mancat la presentacion e lecturas (en occitan) del libre del Sèrgi Gairal « L’ingenio gentilòmes Dòn Quichòt de la Mancha ». Hey, c’est tellement riche cette Université qua cal causir. Aquò dit il y avait du monde per escotar, dins una lenga mestrejada, las aventuras descabestradas del dos protagonistas famos, Don Quichòt e Sanche.
Per contre èra present et pas sol, la Maison du Peuple est full, pour la projection du film, « Renat Jurié : Dins la votz dels sègles », réalisé par Marc Oriol (en occitan, sous-titré en français). Renat Jurié, chanteur de chants traditionnels et enfant d’un monde rural péri-urbain disparu, nous transmet une part de sa mémoire. « Triste lo sèr, triste la terra… » Ces chants d’église sont autan de blues, les scènes tournées au fil des saisons dans son hameau du Rouergue et dans des concerts avec son comparse Jean-Pierre Lafitte, posent lo Renat dins un temps retengut, amb sa lenga mairala e son biais de soscar. « Nos autres avèm una consciènça de la mort… las bèstais sabèm pas… » Et nous le suivons dans son roman qu’es sa vie d’aujourd’hui à la ferme, avec vaches au travail, au joug, tirant le brabant, ses chèvres, ses oies, tout un monde nous apparaît tel qu’il était et qu’il n’est plus. De calvaires en églises, Jurié et Lafitte nous entrainent, « Sèm montanhòls, volèm l’independencia… », « Sul pont de Mirabèl, Catarina lavava… ». J’ai aimé ce film, le montage subtil aidant, aucune lenteur dans la lecture de ce roman, les images nous convoquent à découvrir la vie à une époque datée, même si aujourd’hui encore, Renat Jurié contunha sa débuta, viu sa retirada d’ensenhaire coma un còp èra. Comme le dit Claude Sicre dans sa présentation : « Renat a inventé une manière de chanter qui aurait pu être celle d’une tradition rouergate ininterrompue et fière d’elle-même. »
La serada se tèn à la caserne des pompiers où, à l’occasion de leur bal annuel, lo rescontre entre l’orchestre Carré d’As et les artistes intervenants à l’universitat, a saber Manu Théron (Lo còr de la plana), Papet Jali (Massilia Sound System), mais aussi Joël Saurin (Zebda), Aurélie (Bombes 2 Bal) restera dans les mémoires. A noter aussi la participation magnifique de Jean-Marc Vieules, (gagnant du concours d’histoires en occitan 2015) qui nous brossa, mois par mois, le tableau évènementiel de bonas e maridas novèlas que nos son tambadas sus la clèsca aquèsta annada.
Jornada del 14 de julhet
Fèsta nacionala oblige la célébration prend ici une tournure pas ordinaire. Lo solelh es tornat et beaucoup de guépiens et guépiennes sont au rendez-vous, sur la parvis de l’église, qui est aussi celui de la Mairie, les deux faisant face au monument aux morts. Donc les corps constitués, gendarmes, pompiers, élus rendant les honneurs, c’est aussi le jour où des décorations sont remises à de valeureux citoyens pour services rendus. Le discours de Madame le Maire, Ghislaine Martinez, est intelligemment républicain, elle fait référence à l’appellation de notre nouvelle région, Occitanie, clunhada à cette Université occitane qui se tient dans sa ville depuis plus d’une décennie… Alors après la traditionnelle sonnerie aux morts, la minute de silence, c’est la Marseillaise, un brave Se Canta et l’Hymne à la joie, qui est aussi celui de l’Union Européenne, chantés par la Chorale de Laguépie et repris par tous avant que les stagiaires, dirigés par Manu Théron entament un chant italien écrit en hommage aux victimes de l’attentat perpétré, en 1980, à la gare de Bologne, et aussi en résonance avec les trop nombreuses victimes des récents attentats terroristes commis dans le monde.
« Fascisti criminali
Colpivan di nascosto
Alla Stazion’ centrale
Que due agosta
Briganti neri
Già vi puni i mondi
Niente illusioni
Siam sempre qui… »
Segur les conférences toujours. Celle sur la « Préhistoire en Pays d’Òc », conté par Roland Pécout et Jordi Labouysse connaît un grand intérêt. Vertat que la quête des origines a toujours fasciné les esprits. Nos régions occitanes, tant par les sites découverts que par les savants qui illustrent cette discipline sont au centre de la préhistoire. Que nous apprennent les extraordinaires grottes ornées que sont Lascaux, Altamira, les sites du Périgord et de l’Ariège, la Grotte Chauvet, la Grotte Cosquer, celles de Penne et de Bruniquel… Magnifique voyage en compagnie de ces deux érudits avec qui nous remontons l’horloge du temps et partons vers la rué vers l’os… 🙂
Fantastique université que celle de Laguépie ont se pòt parlar amb de monde de lenga occitana mairala. Quelle richesse, quels savants. Raymonde Costes, de la Rouquette (12) née en 1935 nous raconte cossi son paire souhaitait lui parler français mais sa mère s’y est opposée parce qu’elle ne voulait pas qu’on la prenne pour un « bavas » (quelqu’un de la ville). Paul Catala, de la Fouillade (12), meteissa generacion nos contèt l’istòria de son paire qui avait refuser, et même s’était mis en colère quand il perçu le premier versement de la retraite des vieux. « N’en volià pas, s’a diguèt, es pas a ièu aquèl argent… » Il voulu le rendre, mieux quand on lui dit que dans 3 mois on lui en porterait autan, il poussa un « mila dieu !!! » Alara lo metèt sols linsòls J Que de transmissions, quelles épopées, et sustot qu’una lenga !!!
En serada cap au Hameau Le Lez. En partenariat avec LEZ’Art festival, nous eûmes le bonheur d’entendre les restitutions musicales des stagiaires de Papet J., et de Manu Théron. De l’excellence !!!!
En seguida the Best avec la projection de « Roots Tour aroun il mondo », film créé par Claude Sicre pour le Festival « Peuples et Musiques au Cinéma » à Toulouse. Série de mini-films constituant un extraordinaire tour du monde d’authentiques traditions musicales ou d’inventions étonnantes. Des surprises à chaque minute, venues des fin fonds de partout et même de l’Aveyron !!!
Final dansant avec le grand Papet J. aux manettes.
Divendre lo 15 de Julhet
Omenatge a Ives Roqueta à la Maison du Peuple où un trentenat de personas son d’escotar legir, per lo Sergi Carles e lo Roland Pecot,
« L’ordinari del monde ».
– « Es l’ivèrn 1880. Del Tonkin, los dos fraires son tornats exprès. Lai an de batèus e venon d’obtener lo monopòli de l’opiòm. E que sa sòrre la pus jove, la veusa es emprenhada fins als uòlhs. Ni per la bacelar, a pas volgut dire de qual. Va caler que quauqu’un l’amasse. »
– « Serà quel pelhaire, enamont dins la montaha a vacas. A de plan missants uòlhs darrer las lunetas fumadas. Fa sa virada a pè. Canta lo cant plan al lutrin. Crenta Dieu. »
Puèi lo Gauthier Couffin, en menaire de reviste, prepausa una explicacion, un biais de convaincre quand à la teneur, la couleur, d’aqueste texte… Que sarià triste, nègre… Que vol dire ?
Colhonadas tot aquò. Que faudrait-il chercher de plus ? S’il y a bien un auteur qui décrit tel quel ce qui l’entoure, sans jugement aucun et tant vrai… Narration réaliste, nature, d’un biais simple et précis, non, trois fois non, il n’y a rien de triste. Ives Roqueta est un écrivain public, un bluesman. A cada jorn, son mièg lum… Scenariii !!!!
– « Entre eles e el i a quatre pintos voides, très veires plens e quatre pilas de moneda d’auçada disparièra. L’ainat del det gros levât en arrer, indiaa un mur cobèrt d’ardesa negra, de l’autre band de la fenestra, puèi del det guinhaire l’argent… »
Passejada fin al Viaur, la plage en familles, fait bon là sous ces arbres, brava bancada amb Laurenç, l’apéro Troubadour sonne hautbois et accor-diato, a capella tanben… Musica a dança, manjar un crostèt e bèure un gòt. En lenga le foirail prend ses aises, les fallafels de la Calandreta vos disi pas, les moelleux au chocolat aussi. Et c’est qu’il y a du monde, beaucoup, toutes les générations, c’est le Big Bal Boom. Il est grand ce foirail, on y en met dedans, alors tables, chaises en bordures, al mitât un fun de joves dins los que s’endançon. ContreBande ouvre le bal et boulègue que bolègara… Le duo Abela Vidal prend lo relai, apunta, la serada monta en puissance, arrivent Aurélie, Helene, Flore (Bombes 2 Bal), los F. del Lauragués et plan segur quand lo Papet J…. Tarrrrrrrrrrible !!!!!
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