JACME GAUDAS "Porteur de mots"

journaliste écrivain "Porteur de mots"

D’en Haut : Blues à la tourne

Dintra del Louron primaverenc de février. Le prunier du Japon du presbytère d’Estarvielle es en flors et les abeilles butinent, pollinisent… Grand soleil sur la vallée, déjeuner en terrasse… Sur la table Le Monde Diplomatique traite de « L’Emprise des religions ». Islam saoudit en grand manipulateur, wahhabisme en orislam avec instrumentalisation des Frères musulmans partout, jusqu’à les combattre si besoin… Après Daesh lave plus noir. Lumières ont setz ? Besoin !!! L’espendiment se seguit et gagnera tant que les sociétés civiles sont balbutiantes. Alara dempuèi Santa Cruz, François lance son appel : « L’économies qui tue, le Capital érigé en idole, l’ambition sans retenue de l’argent qui commande… », en appelle à tous pour mettre fin à cette « dictature subtile aux relents de « fumier du Diable », expression exprimée par Basile Césarée, un des Pères de l’Eglise, ascète précurseur du Christianisme social, pour qualifier la puissance de l’argent. Un sacré bolegaire aquest Papa. Mai d’aquò au Paraguay s’adressant aux jeunes, il les invite à « mettre le bazar ».
Donc qui dit Louron va Chez Lily, bar de quartier à Germ, costat Peyresourde. Là-haut D’en Haut joue ce soir. Installent, tambourins à cordes, flutes à trois trous, bourdon, bombe, contrebasse, tabara, boha, bols tibétains, shruti box, hurgy toy, solive, rototom, plaques métalliques prennent place et en scène balances ambiancées. La neige est annoncée pour la fin de la nuit, cèl cargat, lumière chaude. La Maison de Lily comme un phare, ancien café du village, la confidente, elle en a entendu de toutes les douleurs… Mai d’aquò son antenne rastel, crotz analogica, tèulada de glèisa laïca. L’hic de ièu. Mais bon Chez Lily c’est la grange, fenil, étable, porte d’entrée du village d’antan, costat Arrèu, lieu de passage. C’est comme il est, cadun son biais, ritmes escambiats… Côté son, Pascal vèn de Tolosa, brave de mèstier, « Spidos » s’i sona a la font. Oliviers aux éclairages, œuvre pas mal en théâtre, parfait pour le lieu, connexion. S’enflamme le brasero sur la terrasse, flambusca l’âtre sur les écrans… It’s open. Burger perce là amb los romanics, de pertot son, d’acostat tanben. Les alters de Loudenvielle remonteront-ils ? Expliquer D’en Haut à ceux d’en bas, en leur garantissant le top, non mais ! Blues à la tourne. «… ça ne va pas plaire aux enfants… » Al contrari i disi, veirèm ben. Apéro tapas au blanc mi sec, fromatge de la valada, cambajon de gascons negres, tesson de Dieu !!! Les prévus son là, Noël drive à sa main, l’équipe est dans le timing de la temporada…
Joglaires barrutlaires, Thomas Baudoin & Romain Colautti, font partis du collectif Artus (1), œuvriers de leur ère, passeurs de folklores comme un blues, memòrias, épopées, chansons circonstancielles, recueillies, reprises, adaptées, proposéess, espandidas, partagées, son d’aèdes de uèi. « Et pour 9 écus tu pouvais acheter les garçons… » Un rondo pour ouvrir la serada.

« Tres son seroletas
Hilhas d’un baron.
Lavan la bugada
Suu cant de l’Ador.
Quan la n’an lavada
La’n tenen au só. »

Et Lily en écoute. Pas si simple, chantent en béarnais, levat los d’aqui, et encara, c’est par l’interprétation, la musiques, les voix, lengamusicala chants de ces chansons chargés de cette grande lande qui court jusqu’aux Pyrénées, que les gens sont captivés, embarqués par une découverte…Te ! La batalha d’Achòs, batèsta solida entre ceux des vallées d’Aspe et d’Ossau, guerroyant pour s’approprier les pacages, terres d’estives pour les bêtes …

 « A Vièla e a Vilhèras
Qu’avem quauques turments
Dab la valea d’Aspa
Qu’avem gran diferent.
Montanhas son montanhas
Non n’i a corn las d’Achòs
Au mond tan desiradas
Deu vilatge d’Escòt. »

Au centre d’un chaos ludique et bien contrôlé, entre harmoniques et dissonances, D’en Haut groove à fond les cordes locales, et cette contrebasse archée… Un bonheur !!! Le beat boxe le temps, transe pas loin, les chants des deux complices s’élèvent fièrement et sans détour. La bergère et le berger séparés par la rivière, il lui demande de trouver un bateau, un pont pour qu’elle puisse traverser…
« Liròta – Qu’èi hèit l’amor ».
J’ai m’aime vu le rondo danser 🙂
(1) http://pagansmusica.net/

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