Ausit on the Radio FMC, Léon Cladel (1835-1892. « Quand Cladel est inspiré, il atteint aux sommets de l’expression littéraire. Satirique, lyrique, épique tout à la fois, il appartient à une catégorie d’auteurs très difficiles à définir, proche peut-être, par le timbre de voix du « sirventes » de certains troubadours. Tantôt poétique, tantôt prosaïque, fantastique et humouristique, sévère et savant, farouche et intrétable, sentimental et doux. Il intervient dans la littérature française en un lieu où il rencontre peu de concurrence : entre Jules Vallès, Joris-Karl Huysmans et Eugène Leroy… Lié d’amitié pourtant avec tout ce qui compta alors, Baudelaire, Mallarmé, Victor Hugo et recevant chez lui, à Saint Cloud, les jeunes écrivains et artistes du temps. Dès ses débuts, Baudelaire le caractérisa avec une exceptionnelle lucidité : « son art est minutieux et brutal, turbulent et enfiévré ». Romancier de la démesure. Une bonne sélection des romans et des nouvelles, des pages étincelantes qui parsèment des ouvrages moins réussis donnerait de Cladel une image inoubliable. Trop de passion pour la vérité terrienne et la justice sociale ont fait parfois déraper sa plume : il faut délivrer son génie des défaillances qui l’obscurcissent. Cladel attend son historien et le critique qui le mettra à sa place exacte… Il gardât toujours une relation étroite avec les écrivains et artistes du Midi de la France. Son influence parmi eux, très forte, mériterait d’être évaluée : notamment sur Fourès, le grand poète occitan de Castelnaudary, sur Perbosc et Bourdelle. Au-dela de l’œuvre, Cladel fut une conscience morale, une référence inébranlable, un moment de l’identité montalbanaise, dont il ne se déprit jamais. Prophète raffiné, démesuré et raisonneur d’un monde très neuf et très ancien, il écrivait la devise républicaine « Égalité, Liberté, Fraternité ». En vérité, son régionalisme n’est nullement un régionalisme : ni léthargie, ni retour au bon vieux temps ! C’ est le sursaut des énergies les plus profondes, les plus actuelles, les moins contrôlées par une société inhumaine. C’est la dimension totalisante et, au meilleur sens, écologique de la citoyrnnrté. Universellement protestataire. Montauban portant ses tripes et son cœur dans ses mains. Cladel fixe la ligne lucide de l’anti-centralisme sur laquelle se retrouvera, un siècle durant, la pensée montalbanaise, sa cohorte créatrice, plasticiens et écrivains, en lutte pour une place au soleil, au soleil de l’humanité. »
Félix-Marcel Castan « Le vouloir d’une ville » (Identification de Montauban et décentralisation nationale) Cocagne éditions
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